LA PRODUCTION CONDITIONNEE

Les douzes liens d’ Interdépendance

Dans la seconde des quatre Nobles Vérités exposées dans le Dhamma, il y est question des douze liens d’interdépendance, nommés également « production conditionnée ».

Ces douze liens ont en commun la relativité, la conditionalité et l’interaction. Ils sont la cause de l’émergence, sans cesse renouvelée, de la renaissance et du cycle complet de l’existence, engendrant ainsi de façon inéluctable l’insatisfaction et la souffrance « Dukkha ». Hors, selon l’enseignement de Bouddha, il est possible, et ceci dans cette vie même, de parvenir à briser ce cycle infini de production conditionnée. Ceci étant fait, le pratiquant de la voie du Dhamma à réalise l’Eveil parfait et atteint l’état de Nirvana.

Dans l’enseignement on résume la doctrine de la production conditionnée par une petite formule de quatre lignes. Toutefois, avant de les lire de façon machinale, soyez attentif et notez bien que les expressions « ceci » et « cela » représentent des objets différents.

– « Quand ceci n’est pas, cela n’est pas »
– « Quand ceci est, cela est »
– « Ceci apparaissant, cela apparaît »
– « Ceci disparaissant, cela disparaît »

Prenez le temps de méditer ces quelques lignes pendant un petit moment et remarquez que sous une apparence simple, se cache deux vérités ultimes : rien n’est permanent, tout est conditionné et interdépendant. Toutes choses ayant la capacité d’apparaître possèdent aussi celle de disparaître. Suivant les mêmes principes universels, les douze liens de la production conditionnée, lesquels sont les fondements du cycle des renaissances nommé le « Samsara », se conditionnent les uns et les autres dans une ronde perpétuelle qui engendre la naissance, la souffrance, la vieillesse et la mort. Puis, la renaissance à nouveau, la souffrance, la vieillesse et la mort etc. Ce processus est représenté, dans l’iconographie bouddhiste par une roue de char, dite la « roue du Samsara ». En effet, on ne saurait trouver sur la circonférence d’un cercle ni début ni fin, conformément aux cycle des renaissances. Ces douzes liens sont les suivants…

L’Ignorance
l’Acte Karmique
la Conscience
les Phènomènes
les Six Facultés
le Contact
la Sensation
le Désir
la Saisie
le Devenir
la Naissance
la Peine…

1° L’ignorance qui est couramment utilisée comme premier maillons de cette chaîne sans fin est l’ignorance de la doctrine, il s’agit ici de l’ignorance des quatre Nobles Vérités. De fait, l’être qui ignore l’enseignement de Bouddha ne peut percevoir la vraie nature des choses, lui-même y compris.

2° L’acte karmique en est la conséquence directe et c’est ici que de façon volontaire, mais influencé par l’ignorance, l’être agit par le corps, la parole et la pensée. Selon l’enseignement du Dhamma, plus on est ignorant et plus les actions seront de nature égoïste. Que ces actes soient égoïstes ou non, il y aura renaissance et ceci pour que le karma ainsi créé arrive à maturité et porte ses fruits, agréables ou non.

3° La conscience se trouve conditionnée par l’acte karmique. Il s’agit ici de la conscience de renaissance. Cette conscience apparaît alors dans le sein de telle ou telle mère et c’est cette conscience qui vient se lier à l’embryon. Il faut avoir à l’esprit que selon le karma accumulé dans le passé par l’être ainsi engendré, que le fruit karmique soit à maturité ou non, va dépendre la nature de la renaissance, heureuse ou malheureuse.

4° Les phénomènes sont ce que nous pourrions exprimer comme l’association entre l’esprit d’une part et la matière d’autre part. Il est le résultat de la conscience qui est entrée dans le corps, l’embryon de la renaissance à venir. Dès lors on peut parler d’un complexe psycho-physique qui permettra à l’être d’évoluer dans son monde de renaissance.

5° Les six facultés sont le résultat de la composition de cet ensemble psycho-physique, lequel engendre les organes sensoriels du corps et les différentes consciences qui y sont associées. (ex. consciences auditive, olfactive, gustative, mentale…) Il en résulte les six sphères des sens. (Notez au passage que le Dhamma considère le cerveau comme un sixième organe sensoriel et que les pensées sont les objets qui lui sont associés).

6° Le contact est établi par l’entremise de ces différents organes et des consciences qui leur correspondent. Ainsi l’être est mis en contact avec les objets qui leur sont associés. (ex. nous ne serions voir un goût pas plus que nous ne pourrions toucher un son).

7° La sensation est le résultat du contact, on remarque trois type de sensations possible pour un contact, soit la sensation est agréable, soit elle est neutre ou alors elle est désagréable. Différente selon chacun, la sensation d’un même objet paraîtra agréable à un être alors qu’à un autre la sensation sera parfaitement insupportable. En somme l’objet de la sensation est intrinsèquement neutre, mais il a le potentiel de réveiller nos passions.

8° Le désir que les sensations agréables, neutres ou désagréables se poursuivent ou cessent, marque le début de la réaction de l’être. Il important de noter que les liens précédents, ceci depuis le troisième y compris étaient neutre. Ils étaient le fruit de la rétribution selon la loi du karma. A présent, à partir de ce point de la production conditionnée se dessine la différence entre les êtres ordinaires et les sages. Ces derniers sachant ne pas recréer de nouvelles empreintes karmiques.

9° La saisie qui résultera du désir sera le fait de l’être ignorant, ce qui le mènera tout droit à l’attachement. Cet attachement pourra être de nature différente. Il pourra s’agir de plaisirs sensuels, d’attachement à soi ou encore aux idées.

10° Le devenir revient encore et encore par l’influence de cette saisie, de ces attachements plus ou moins forts. Ils auront pour conséquence des actes volontaires qui produiront à leur tour de nombreuses empreintes karmiques lesquelles formeront un potentiel de force karmique et c’est dernier qui sera à l’origine d’une renaissance.

11° La naissance ou l’on devront dire la renaissance est la conséquence de toute empreintes karmiques accumulées par le passé. Selon leur nature, vertueuse ou non, cette renaissance sera bonne, heureuse ou selon la malheureuse dans des mondes différents.

12° La peine, la vieillesse, la maladie, la décrépitude, la mort sont les compagnes inaliénables de toute nouvelle renaissance. Elle ne sont pas forcément le résultat de mauvaises actions, elles ne sont que les conséquences naturelles de la renaissance des êtres. Un être fut-il bon et le plus sage de tous est soumis à la condition de sa renaissance qui le mènera obligatoirement à la mort et la cessation de sa condition actuelle pour renaître encore et encore…


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